LAURENDEAU 2003
LAURENDEAU, P. (2003), « Concomitance temporelle, quantification des procès et causalité inférée en co-énonciation parlée », Cahiers CHRONOS – Modes de repérages temporels, Volume 11, RODOPI, Amsterdam/Atlanta pp 133-149.
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La vie est à peine un peu plus vieille que la mort.
Paul VALÉRY, « Moralités », Tel quel, Folio Essai, p.117.
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Dans la masse chatoyante des faits constituant la réalité objective, la concomitance temporelle de deux événements est toujours approximative, et très souvent parfaitement fortuite. Dans le monde hautement organisé qu’on schématise dans les textes, il en est tout autrement. Les particularité logiques et énonciatives de la description sont sur ce point distinctes de celles de la narration (NERBONNE 1986, FRANÇOIS 1994; sur les séquences narratives, voir aussi BESSON 1993: 52-55; sur les liens entre narration et cause: MOESCHLER et alii 1998: 298). Mais leurs dénominateurs communs de construits textuels font qu’il est passablement inusité d’énumérer des processus en succession ou en concomitance chronologique sans que quelque dispositif implicatif ne les configure en un tout aux raccords inférables (LASCARIDES 1992, voir aussi MOESCHLER 1993: 51, qui oppose le linguistiquement indiqué au pragmatiquement inféré). Les conséquences morphosyntaxiques et sémantiques de ce fait n’ont pas échappé à la tradition structuraliste:
« …ce n’est manifestement pas un accident si, dans de nombreuses langues, il existe des parallèles entre les constructions causales, conditionnelles et temporelles. L’énoncé d’une phrase comme ‘Quand Jean l’a poignardé, Pierre s’est écroulé à terre » implique normalement que l’action de Jean est la cause de la chute de Pierre. De même, une phrase comme ‘L’eau bout quand/si on la chauffe à une température de 100°C’ implique généralement que le fait de chauffer l’eau est la cause de son ébullition. Que notre conception de la causalité soit innée ou s’appuie (totalement ou en partie) sur des inférences inductives à partir de paires de situations ordonnées temporellement, il n’en reste pas moins que les assertions selon lesquelles deux situations se sont suivies dans le temps impliquent en général, pour le locuteur et son interlocuteur, que ces deux situations sont causalement liées. » (LYONS 1980: 125-126.)
Il faut d’entrée de jeu signaler que la formulation en général est ici particulièrement vague, et que l’un des objectifs du présent exposé est en fait de travailler à la circonscrire. Dans le sillage de la distinction opérée ici par LYONS, nous entendrons, aux fins de notre propos, implication et cause comme deux synonymes à peu près interchangeables. Il s’agit, pour résumer, du raccord logique qui se met en place quand on laisse entendre que « le second événement n’est pas possible sans le premier » (Co VET, communication au quatrième Colloque Chronos, voir aussi MOESCHLER et alii 1998: 295). L’implication par contre n’est pas la même chose que l’inférence (ou inférence inductive, selon le mot de LYONS). Cette dernières n’est pas un reflet direct, cognitif ou langagier, des causalités matérielles se déployant empiriquement (ces causalités que LYONS, sous l’influence cartésiano-kantienne, qualifie d' »innées », alors qu’elles sont en fait mondaines; sur les hésitations et les tâtonnements des linguistes autour de ce problème voir REBOUL 1996: 45). L’inférence est plutôt un mouvement cognitif inductif opérant sur un implicite, langagier ou situationnel. On dira ainsi que dans La reine est passée, le chef de police a retiré son casque, autant que dans le constat empirique ayant suscité cet énoncé, une relation implicative ou causale entre les deux événements concomitants est inférée, notamment de par les implicites physico-culturels véhiculés par les notions reine, chef de police, et casque (LAURENDEAU 1997b: 43, note 1). S’il est très difficile de voir une concomitance contingente (LAURENDEAU 1997a: 146-149), c’est-à-dire une coïncidence, entre ces deux événements, il est aussi indéniable que l’implication n’y fait pas l’objet d’un marquage linguistique explicite, ou d’une observation empirique assurée. Dans de tels cas on peut dire du task de l’implication ce que BERTINETTO (1986: 48) disait de l’ordre des événements: the mere succession of facts in a discourse is often sufficient in itself to fulfill this task. Et si la possibilité existe de voir dans la simple juxtaposition syntaxique un quelconque opérateur causal (LASCARIDES 1992: 941-943), on doit alors dire, avec MARTIN (1985: 24) que l’opération causale ne peut toujours être qu’inférée en ce sens que la langue laisse justement dans la non-dit la portée de l’opérateur. Ainsi rien ne certifie empiriquement que le premier événement est la cause du second dans les faits. Rien ne marque ce rapport de causalité dans les formes linguistiques. Mais la prise de parti d’inférer cette cause sera certainement celle de la majorité massive des témoins de cette scène, ou des co-énonciateurs de cette assertion. On observe donc que, dans le discours, l’ordonnancement temporel des intervales s’intrique fréquemment à des liens implicatifs, qui seront soit explicités soit inférés. C’est à partir de là que, depuis la consécution (une succession chronologique stricte d’amplitude variable) et la concomitance (qui n’est pas une simultanéité, comme on le croit trop souvent, mais l’inclut sans s’y réduire, voir BOGACKI 1988: 82, SMITH 1980: 356-358; c’est l’overlap/coïncidence partielle de Co VET, communication au quatrième Colloque Chronos; voir LAURENDEAU 1998a: 185-190, KYOTA et SWIGGERS 1988: 388-389), on en est amené à construire tout le contraire de la contingence (absence de lien causal) à laquelle on aurait peut-être pu s’attendre dans un dispositif de nature strictement chronologique. C’est au contraire la causation qui se manifeste:
« Lorsqu’on établit des relations entre intervalles, on voit apparaître de nouveaux types de phénomènes: à l’ordre d’antériorité/postériorité s’ajoute la relation de simultanéité. En conséquence, à la relation: «événement p précède événement q», ou «événement q suit événement p», on joindra la concomitance: p concomitant de q, q concomitant de p. Si l’on appelle consécution, la relation de précédent à conséquent, on obtient ainsi deux relations (concomitance; consécution), dont le mixte (consécution et concomitance) fournit le schéma élémentaire de la relation de causation (l’existence de p entraîne le passage de hors-q à q, que cette existence de p soit préétablie ou nouvelle: on a bien consécution; d’un autre côté, pas de q sans cause, à savoir, ici, p, ce qui est une variété de concomitance).
Cet exemple permet de voir comment on passe d’un système temporel à un système d’inférence. »
CULIOLI 1999: 166.
Il y a donc lieu d’analyser en détail le passage transcatégoriel d’une suite d’ordonnancements chronologiques à un lien implicatif (de la succession chronologique au rapport cause-conséquence) en le posant, entre autres, comme la mise en place d’un système d’inférences. C’est la raison pour laquelle nous désignons le phénomène décrit ici du nom de causalité inférée (LAURENDEAU 1983: 144-145). L’inférence de causalité a comme point de départ ou comme fondation la mise en place d’un dispositif de successions chronologiques fugitives, en un mot de concomitances non contingentes. Les faits linguistiques révélant ce phénomène de causalité inférée sont en apparence simples et solidement documentés (quoiqu’habituellement sur des exemples-maquettes du type: J’ai froid, je me couvre). Mais quand on se tourne vers les énonciations orales effectives, les données s’avèrent beaucoup plus riches en transcatégorialité, comme on aura l’occasion de l’observer dans la suite du développement, sur des co-énonciations parlées (LAURENDEAU 1999: 421-422, note 1, JEANNERET 1995, JEANNERET-BÉGUIN 1995),. On posera d’abord notre axiomatique, la plus stable et la plus dépouillée possible, en quatre points, que l’on pourrait synthétiser ainsi: il est possible d’inférer la cause (ou pas) à partir de successions (ou de concomitances) temporelles (sur la possibilité de produire des axiomes similaires, mais en les appliquant plus étroitement à des items lexicaux, voir LASCARIDES 1992: 954-958, MOESCHLER et alii 1998: 11-12, 305):
(1) L’axiome sur la cause inférée se formule à [(Pp L Fq) º (p® q)]. On peut le gloser assez fidèlement en disant que laisser entendre qu’un événement p est chronologiquement suivi d’un événement q c’est parfois laisser entendre que l’événement p a causé l’événement q.
(2) Le corollaire à l’axiome sur la cause inférée se formule à [(Np L Nq) º (p® q)] (ou N vaut pour NOW, voir KUHN 1989: 542-543; c’est le « présent » non déictique de ces logiques temporalistes qui « dopent le système » d’opérateurs temporels, pour reprendre le mot de MOESCHLER et alii 1994: 62). On peut le gloser assez fidèlement en disant que laisser entendre qu’un événement p et un événement q coïncident chronologiquement c’est parfois laisser entendre que l’événement p a causé l’événement q.
(3) La converse de l’axiome sur la cause inférée est l’axiome de successivité contingente. Il se formule à [(Pp L Fq) º ~(p® q)]. On peut le gloser assez fidèlement en disant que laisser entendre qu’un événement p est chronologiquement suivi d’un événement q c’est parfois laisser entendre que l’événement p a n’a pas causé l’événement q, et que leur succession est non corrélée, fortuite.
(4) La converse du corollaire à l’axiome sur la cause inférée est l’axiome de coïncidence (concomitance contingente). Il se formule à [(Np L Nq) º ~(p® q)]. On peut le gloser assez fidèlement en disant que laisser entendre qu’un événement p et un événement q coïncident chronologiquement c’est souvent laisser entendre que l’événement p n’a pas causé l’événement q, et que leur concomitance est non corrélée, fortuite.
Voilà en résumé ce que la sémantique, d’inspiration structurale ou logicienne, nous lègue comme point de départ de l’analyse de la relation entre proximité chronologique et lien causal dans les langues. En bonne perspective logiciste, on se trouve en face d’une sorte de carré symétrique, qui, il faut benoîtement l’admettre, est aussi une manière de découverte de l’eau tiède. Parfois deux événements se succédant sont donnés comme connectés implicativement, parfois ils sont donnés comme fortuits. Parfois deux événements se passant en même temps sont donnés comme connectés implicativement, parfois ils sont donnés comme fortuits. C’est la victoire de l’implicite et du foncteur modal à, le possible, qui dit tout, mais abandonne le caractère fondamentalement dissymétrique de la concrétion de ces possibles à la recherche ultérieure (sur la relation entre opérateurs temporels et opérateurs modaux en logique temporaliste: MARTIN et NEF 1981: 7-9, voir aussi TICHýý 1980). En effet, pour le moment, les modalités énonciatives d’application de à ne sont guère développées. Il est cependant impératif de noter que la caractère trivial de ces quatre axiomes n’en fait pas pour autant des manifestations de spéculation oiseuse. Ils sont massivement attestés dans les textes les plus ordinaires, comme le montre l’analyse du petit récitatif suivant, d’origine folklorique française, qui revient faire son tour dans l’Hexagone en version canadienne:
(5) La reine vint à passer au Dominion du Canada
Il faisait froid, ce jour là, au Dominion du Canada. Une petit flaque d’eau devint une petite plaque de glace. La reine vint à passer. Elle glissa, tomba, se tua. On lui fit de grandes funérailles. C’était beau mais c’était triste. Jusqu’au chef de police qui pleurait dans son casque. Quand le casque fut plein, une goutte d’eau tomba, gela. Une petite flaque d’eau devint une petite plaque de glace. La reine vint à passer. Elle… [ad infinitum]
Ce court texte fournit une riche exemplification de la manifestation (ou de l’absence) de l’axiome, de son corrolaire et des deux converses signalés. On y atteste en effet, sans difficulté, tous les cas de figure de causes inférées depuis des dispositifs chronologiques, ainsi qu’un certain nombre de phénomènes afférents confirmant notamment la distinction entre inférence et implication. On y observe de fait:
1- la cause inférée entre les éléments narratifs en succession de procès, avec petite amplitude entre les procès: Quand le casque fut plein, une goutte d’eau tomba, gela; Elle glissa, tomba, se tua;
2- la cause inférée entre les éléments narratifs en succession de procès, avec grande amplitude entre les procès (dans les cas d’accélération narrative): …se tua. On lui fit de grandes funérailles;
3- la cause inférée entre éléments narratifs et éléments « pittoresques » en concomitance de procès (aucune amplitude entre les procès): Il faisait froid, ce jour là… Une petit flaque d’eau devint une petite plaque de glace; une goutte d’eau […], gela;
4- la cause inférée entre les éléments « pittoresques » en concomitance: …c’était triste. Jusqu’au chef de police qui pleurait…;
5- la successivité contingente: éléments narratifs en succession sans cause inférée: …devint une petite plaque de glace. La reine vint à passer;
6- la coïncidence (concomitance contingente): Il faisait froid ce jour là… La reine vint à passer…;
7- la cause inférée sans succession chronologique, (du type (p®q) L ~(q®p), jouant sur des « connaissances du monde », ou « métarègles »): Dominion du Canada… La reine…; grandes funérailles… chef de police…;
8- l’inférence sans causalité, dans la syllepse d’éléments statifs (avec dévidement du lien causal par mais): C’était beau mais c’était triste;
9- aucune causalité explicitement marquée (pas de donc, de puisque, de parce que ou même de alors);
10- la quantification de procès (implicite ici, mais tendant à devenir explicite vu le caractère cyclique du récitatif): une goutte d’eau tomba, gela. Une petite flaque d’eau devint une petite plaque de glace.
Ce premier exemple enrichit passablement le cadre descriptif. Outre l’axiome sur la cause inférée et son indépendance face à l’amplitude effective des successions chronologiques (1- et 2-), on confirme, notamment sur les éléments « pittoresque » en concomitance, le corrolaire de l’axiome sur la cause inférée (3- et 4-), l’axiome de successivité contingente (5-), et l’axiome de coïncidence (6-). Et, malgré la petitesse du corpus, il est aussi loisible d’observer que l’implication univoque peut être inférée hors-temps sur des notions stables: le Dominion du Canada implique un(e) monarque de façcon non réversible, une(e) monarque pouvant exister en l’absence de tel ou tel dominion. De grandes funérailles impliquent la présence des autorités constabulaires de façon aussi non réversible, les autorités constabulaires étant présentes même en cas d’événements qui ne sont pas des funérailles. Ces faits procèdent plus d’implicatures engageant la configuration apriori de ces notions que de dispositifs chronologiques (7-, sur l’importance de ce type de phénomène, voir LAURENDEAU 1998b, aussi MOESCHLER et alii 1998: 297). On observe, dans le même ordre d’idées, que la syllepse est un vrac simultanéisant de procès tendant à impliquer une non prise en compte de leur chronologie (LAURENDEAU 1998a: 193-194), C’était des funérailles, c’était beau, c’était triste sont moins des processus simultanés qu’un ensemble de faits regroupés pour des raison moins chronologiques que logico-narratives (LAURENDEAU 1989: 165-174), thématiques, ou argumentatives. Une telle syllepse d’éléments statifs peut autoriser un retrait du lien causatif (8- il est marqué dans ce cas par mais; sur les propriétés sémantico-logiques du statif voir COOPER 1986: 26-27, KAMP 1981: 57) s’accompagnant d’un maintient de l’induction inférentielle, car le beau et le triste restent corrélés entre eux de par le tronc commun de leur corrélation avec la notion funérailles en l’absence de tout lien causal entre le beau et le triste. Et finalement, un texte très solidement armaturé du point de vue de l’organisation des implications peut complètement se passer du marquage explicite de la cause. (9-). Il est clair que la transcatégorialité se construisant énonciativement entre ces systèmes autorise le filtrage de catégories d’un côté qui, de l’autre, apparaissent intimement soudées. L’ordre chronologique peut apparaître sans cause inférée, avec cause inférée. La cause peut apparaître sans ordre chronologique. L’inférence peut apparaître sans cause, et la cause sans inférence. Toutes les combinaisons semblent possibles en principe, sinon en fait.
Attardons nous maintenant à la quantification des procès (10- ce terme apparaît préférable à celui, plus logiciste, de temporal quantification utilisé par RICHARDS et Alii 1989), car c’est surtout elle qui va nous servir d’instrument pour tenter de dégager certaines des contraintes s’exerçant, en texte oral effectif, sur l’inférence de la cause depuis un lien d’ordonnancement chronologique. Dans une goutte d’eau tomba, gela, on a le sentiment que ce procès est un spécifique ponctuel, c’est-à-dire qu’il est donné dans le texte comme arrivant une seule fois. Quand apparaît ensuite Une petite flaque d’eau devint une petite plaque de glace, on tend bien à inférer que le processus antérieur a du survenir en fait quelques fois, mais la valeur globale de spécifique ponctuel se maintient pour la totalité de la constitution de ladite plaque de glace. C’est un fait concret, fortuit, et unique (noter que la récurrence du récitatif tend à inhiber cette conclusion, mais cela tient à une particularité rhétorique qui est à part du présent développement). En matière de quantification de procès, on signalera, pour simplifier, qu’on arrice à passer de la monochronie (il boit un verre de vin en ce moment), à la polychronie (il boit parfois, il boit souvent), à la panchronie (il boit), qui, elle, est tendanciellement identifiable, sinon identique, à l’achronie, c’est à dire à l’assignation, non plus quantitative mais désormais qualitative, d’une propriété hors-temps (il boit, au sens de il est buveur). Aux fins de la présente analyse nous nous en tiendrons à l’opposition entre le spécifique ponctuel (monochronie) et l’habituel (polychronie/panchronie, avec application de la rule of habitual interpretation, d’après CARLSON 1981: 42-43, voir aussi KLEIBER 1987: 109-143, VET 1985: 56), tout en gardant à l’esprit que « les habitudes peuvent être considérés comme une sous-catégorie des phrases génériques » (Co VET, communication au quatrième Colloque Chronos; voir aussi BORILLO 1986, HINRICHS 1988). Sur un micro-corpus de données textuelles orales, nous allons chercher à dégager les facteurs transcatégoriels qui favorisent ou défavorisent l’inférence de la cause à partir d’une relation d’ordonnancement chronologique. La concomitance et la quantification des procès sont les deux catégories que nous allons activer pour observer la distortion des axiomes sur la cause inférée en situation d’énonciation effective.
Quand la quantification du procès est un spécifique ponctuel
Soit le texte suivant, fragment d’une narration concaténant et organisant des procès ponctuels et spécifiques dans le récit d’une anecdote. Deux jeunes hommes ont décidé d’en semer un troisième en s’agrippant à la roue de secours d’une voiture (un char) dont le conducteur est sorti, et est en train de terminer une conversation avec une femme:
(6) Fak comme de fait, le gars y lâche la fille toujours pis y arrive, y saute dans le char. Ça part. C’est-à-dire quand qu’on entendu partir là nous autres, on s’t approché tranquillement.
(Corpus de l’Estrie VI-103-6-12)
Notons d’abord que la première partie du texte est au ci-devant « présent » de narration. Ce dernier est hautement incompatible avec la valeur habituelle. Entendons par là que si le présent est narratif il est aussi spécifique et ponctuel, alors que s’il renvoit à de l’habituel il ne relève plus du plan narratif. J’achète mon journal dans ce kiosque est nécessairement soit un fait ponctuel et fortuit intégré à une narration, soit un fait habituel inscrit alors dans un dispositif de type description ou fléchage situationnel (LAURENDEAU 1989: 147, 151-152) à visée non narrative. L’axiome sur la cause inférée est assez facilement applicable dans le texte (6). Ainsi dans y saute dans le char. Ça part on infère sans hésiter que l’homme qui a sauté dans le véhicule en est le conducteur, de qui origine le démarrrage de la machine. La converse de l’axiome sur la cause inférée est facilement observable aussi. Dans y arrive, y saute dans le char, il serait difficile de voir, à ce point du récit, plus qu’une succession stricte d’événements. L’expression de la cause ne concerne cependant pas seulement des successions strictes, mais aussi des quasi-simultanéités de procès. On observe la mise en place d’une dialectique concomitance/causalité, manifestée ici notamment dans les formes dites au « passés composés » quand qu’on entendu partir là nous autres, on s’est approché… où le lien causal est très solide, mais en fait possiblement marqué par quand. On remarquera aussi qu’une de ces simultanéités/causalités est marquée comme une inférence. Le C’est-à-dire quand… qui introduit la seconde portion du récit, et qui est normalement un marqueur de glose, vaut ici pour un « c’est à ce moment là », susceptible naturellement d’être perçu comme un « donc ». Les quatre axiomes ont donc une bonne présence, mais la concomitance semble tendre à requérir, au moins indirectement, des marqueurs explicites. Voyons la suite du récit (dans laquelle on notera que le tire [de spare] est cette grande roue de secours accrochée à l’arrière de la voiture ancien modèle, et à laquelle les deux jeunes hommes prévoient s’accrocher au moment de son démarrage, pour semer le troisième):
(7) Nous autres on savait fallait courir toutes les deux! Pis l’autre y était là lui planté… [rire]. Y est mort astheure [rire]. Finalement ben là on sauté dans le tire toutes les deux! Y avait pas de place pour le troisième. Fak’y a resté dans le chemin.
Corpus de l’Estrie VI-103-6-15)
Avec on savait fallait courir toutes les deux! on a affaire à un imparfait spécifique, construisant une visée cataphorique dans le récit (LAURENDEAU 1995: 340-342). Ce procès marqué par la forme dite « imparfait » tend à établir une syllepse stative de lui-même avec le procès suivant Pis l’autre y était là lui planté…, sans causalité inférée. Le mode de procès (LAURENDEAU 2000: 306, DOWTY 1986: 48-53) a ici un caractère déterminant. On a affaire à la concomitance contingente durative de deux états de fait, valant plus comme une accumulation descriptive préparant le prochain effet de récit et l’annonçant, que comme un moment temporel au sens strict. Il est clair qu’entre « nous » sachant qu’il faut courir, et « l’autre » qui reste planté là, aucun lien de cause à effet ne peut être inféré. On dégage à la rigueur une sorte de jeu oppositif, dans lequel, d’ailleurs, le marqueur explicite Pis est pour beaucoup. Quand le récit s’enclenche, avec Finalement ben là…, il n’y a toujours pas de cause inférée. De fait le lien causal entre un imparfait spécifique et un autre procès doit faire l’objet d’un marquage explicite, comme le montre très bien Y avait pas de place pour le troisième. Fak’y a resté dans le chemin. Sans ce marquage (ici assuré par fak, le connecteur causal le plus usuel du québécois vernaculaire), le lien causal ne s’établit pas, comme le montre par exemple l’incise au présent deictique, complètement autonome du reste du récit. On comprend en effet que Y est mort astheure nous ramène au temps de l’énonciation à l’exclusion de tout raccord implicatif avec quelque événement que ce soit de la narration en cours. Tout se passe donc comme si, dans les développements où la quantification des procès est de type spécifique ponctuel, la succession ou la concomitance de procès marquées au présent de narration sont plus susceptible d’enclencher l’inférence de la cause que lorsque les autres tiroirs verbaux sont mobilisés. Et lorsqu’un imparfait entre en ligne de compte, c’est plutôt la contingence qui tend à se laisser inférer, sauf naturellement si un marquage explicite de la cause compense cette tendance.
Quand la quantification du procès est un habituel tendant vers le générique/gnomique
Le texte suivant traite des coutumes, c’est-à-dire des comportements « habituels », des premiers colons canadiens s’adonnant à la production du sirop d’érable:
(8) … les premiers colons y faisaient du sirop d’érable avec des chaudrons, des chaudrons en fonte là. Y faisaient un feu en dessour de ça. D’habitude y avait trois chaudrons en fonte, pis y… y vidaient de l’eau… de l’eau d’érable dans un chaudron. Pis y faisaient bouillir toutes les… les trois chaudrons. Pis quand qu’y avaient besoin de… le deuxième chaudron commençait à baisser, y prenaient de l’eau toujours dans le… dans le chaudron du bord, pis là y… y remettaient de l’eau froide pour la faire chauffer. (Corpus de l’Estrie IV-141-156-11)
On observe ici que la quantification des procès est déjà à tendance plus qualifiante (pour une critique pénétrante du traitement strictement quantificationnel de la généricité verbale: KLEIBER 1985), Cette quantification/qualification, de type panchronie habituelle tendant vers une série calibrée d’assignations de propriétés, sera ici plutôt marquée par l’imparfait, au détriment d’ailleurs des valeurs de concomitance et d’aspect inaccompli prises si solidement par ce même imparfait dans le spécifique ponctuel (LAURENDEAU 1995: 333-339). Comparer Je partais, Pierre est arrivé et Je partais, Pierre arrivait. Le premier est un spécifique ponctuel figurant dans un développement narratif strict, et le caractère inaccompli (éventuellement même interrompu) du premier procès et sa concomitance avec le second sont fortement perçus. Dans le second, les deux impartaits ont une forte valeur de passé et d’habituel, tendant plutôt vers la description des propriétés d’un ensemble de pratiques ou de comportements révolus. La concomitance passe alors facilement en succession chronologique stricte, et l’ordre des procès est alors marqué par l’ordre syntaxique. (Comparer avec Pierre arrivait, je partais, qui inverse l’ordre de succession des procès, LAURENDEAU 1998: 177-179). C’est alors que la sacro-sainte valeur aspectuelle d’innacompli des grammairiens tend à s’évanouir. Les deux tours n’ont de fait qu’un trait en commun: l’absence de causalité inférée. Avec des formulations comme Y faisaient un feu en dessour de ça et D’habitude y avait trois chaudrons en fonte, l’énonciateur construit donc un habituel révolu, sans que les contraintes usuelles de co-repérage de l’imparfait avec un procès marqué par un autre tiroir ne semblent s’exercer. Le développement explicatif (8) nous montre en fait une série de successions de procès quantifiées dans l’habituel, et sur lesquelles l’axiome sur la cause inférée tend a perdre prise au profit de successions chronologiques plus strictes et explicitement marquées, d’où les Pis… et Pis quand… L’expression de la cause n’est cependant pas complètemenr éliminée. Ainsi dans quand qu’y avaient besoin de… le deuxième chaudron commençait à baisser, y prenaient de l’eau toujours dans le… on comprend que l’action formulée en second est causée par le processus formulé en premier. Il est cependant important de noter encore une fois que le tour Quand p, q est tellement favorable à l’inférence de la cause qu’il y aurait probablement lieu de le traiter en fait comme un marqueur causal explicite (ce qui complèterais harmonieusement les vues de VOGELEER 1999: 310-311). Voyons la suite du texte:
(9) La raison qu’y mettaient ça en avant, c’est que quand ça chauffait trop, y rouvraient la porte. Fak l’air froid qui rentre, ça… ça poussait le feu plus loin, pis ça refroidissait parce que quand c’est rendu en sirop… mettons que ça prend moins de chaleur pour faire bouillir.
(Corpus de l’Estrie IV-141-157-10)
Le présent générique accompagne la valeur habituelle dans les développements tendant vers la description. On comprend que dans l’air froid qui rentre… et dans ça prend moins de chaleur, on est passé à une description générique de type tendance ou loi. Le présent générique accompli, comme le cas c’est rendu en sirop… assume le même rôle. Or, dans ce dispositif de présent quasi-gnomique, il s’avère que l’armature des causalité est moins facilement inférée que dans le narratif spécifique. La cause fait donc l’objet d’un marquage explicite dans les formulations de type générique, habituel, gnomique: La raison … c’est que…, Fak, parce que. Tout se passe comme si la valeur polychronique projetée dans le révolu favorisait l’usage « non-aspectuel » de l’imparfait, libérant le tiroir du présent pour les portions descriptives à valeur gnomique, et aussi défavorisant l’inférence du lien causal depuis ces successions chronologiques habituelles et non-spécifiques.
Conséquences pour la description morphosyntaxique des tiroirs verbaux
Ces quelques micro-exemples suffisent déjà pour prendre la mesure de la complexité des phénomènes de transcatégorialité en jeu, et pour montrer qu’il n’est aucunement question de symétrie en matière d’inférence du lien causal depuis une succession d’ordonnancements chronologiques, comme le laisse supposer le traitement logiciste et aprioriste du problème. L’intrication d’une ou de plusieurs autres catégories sémantico-énonciatives sont des facteurs déterminants dans la mise en place ou le freinage de la causalité inférée. Ceci est très riche en conséquences pour la description morphosyntaxique des tiroirs verbaux eux-même.
Confirmant si nécessaire that the present tense is not inherently related to the speech time (ENÇ 1987: 648-649, voir aussi SERBAT 1988), la syntaxe du présent de narration spécifique -comme celle du passé simple dans l’exemple (5)- est compatible de façon assez équipondérée avec des successions de petite amplitude et/ou des concomitances: y saute dans le char. Ça part. Les successions de grande amplitude ont un effet synthétique fondant une grande partie de l’ironie dans (5), et on peut soupçonner que leur apparition dans des narrations ne se feraient pas sans avoir un ensemble de conséquences particulières. Cette fluctuation succession/concomitance dans les dispositifs où l’amplitude entre les procès demeure réduite rend la présent narratif à la fois compatible avec la cause inférée ou avec la succession stricte. Mais si le présent est générique, le marquage explicite de la cause par un marqueur semble requis (Le soleil semble se lever parce que la terre tourne).
La syntaxe de l’imparfait impose la concomitance de procès dans le spécifique, et le procès à l’imparfait est celui qui enveloppe le procès marqué par un autre tiroir: Je lisais quand il est entré (KAMP et ROHRER 1983, LAURENDEAU 1995, MOLENDIJK 1987: 124). La cause inférée est alors exclue. C’est au contraire la forte contingence de la coïncidence qui s’impose. Quand la concomitance se laisse inférer, la cause en fait autant. Quand la concomitance est clairement marquée par le tiroir verbal -et c’est inévitablement le cas avec l’imparfait dans le spécifique-, c’est la contingence qui se laisse nécessairement inférer. Cataphorique narratif, l’imparfait n’est pas un cataphorique logique. Il annonce une chute de récit dont on sentira d’autant plus l’impact en vertu de son caractère fortuit, sans lien causal inférable (LE GOFFIC 1986: 60 parle d’imparfaits assurant des indications de décors, ce qui est assez heureux quand on s’avise du fait que le décors n’engendre pas la scène mais se contente de co-exister temporellement avec elle tout en favorisant des effets de renversement narratif; voir aussi MOESCHLER 1993: 48, TOURATIER 1996: 113-115). Si les procès co-repérés sont tous à l’imparfait, la quantification de procès est activée dans la direction d’une polychronie se réalisant comme un habituel révolu: Il toussait beaucoup quand il fumait. On tend alors vers la généricité, le gnomique, en même temps que vers la successions chronologique. Il y a alors à nouveau remplacement de la cause inférée par son marquage explicite: quand ça chauffait trop, y rouvraient la porte.
La morphosyntaxe du passé composé a des caractéristiques qui semblent hautement spécifiques à l’idiome considéré. En effet la distinction entre révolu du présent et passé accompli semble particulièrement accusée ici, quand on s’avise du fait de la disparition de l’auxiliaire de ce vernaculaire du français dans le cas des valeurs de passé accompli: quand qu’on entendu partir; on s’t approché tranquillement; on sauté dans le tire toutes les deux (contre-exemple, dans lequel on notera la valeur stative: Fak’y a resté dans le chemin), et son maintient ferme dans les révolus du présent, spécifiques: Y est mort astheure, ou génériques: quand c’est rendu en sirop… La première série est très compatible avec la causalité, mais si celle-ci est marquée explicitement: quand qu’on entendu partir là nous autres, on s’est approché… Car en fait le passé composé à valeur de passé accompli spécifique (l’accompli strict de BERTHONNEAU 1987: 69, voir aussi MOESCHLER 1993: 48) marque nécessairement en même temps le procès englobé et contingent: Je partais, Pierre est arrivé. Cette irruption d’un fortuit narratif, se transpose, toujours sans cause inférée, en irruption de l’incise descriptive avec le révolu du présent: Y est mort astheure.
On peut aussi envisager de généraliser, à titre hypothétique et programmatique, les paramètres descriptifs dégagés ici à des tiroirs verbaux ne figurant pas dans notre micro-corpus. On pense par exemple au participe présent, ce grand marqueur de concomitance contingente: je me brosse les dents en écoutant de la musique. Il faut procéder prudemment, car l’inférence de la cause peut réapparaître, même atténuée: je me suis blessé en coupant le pain (voir NEF 1986: 170-171, EBNETER ET GESSNER 1974: 340).
Le principe semble donc être que, dans la syntaxe verbale, tendez à marquer la succession des procès, et vous favoriserez l’inférence de la concomitance… et de la causalité. Le sort du marqueur quand est à cet égard exemplaire. Marquez fermement la concomitance, vous imposez alors le co-repérage du contingent. Le sort de l’imparfait spécifique en est le meilleur exemple. Les types de tendanciels discursifs ont beaucoup à faire avec ce problème. Le raccord narratif/narratif favorise la causalité (type: …et alors …et donc). Le raccord pittoresque/narratif favorise le contingent (Type: J’étais… quand soudain…!) La seule quantification de procès favorable à l’inférence de la cause est le spécifique ponctuel. Les autres degrés de quantifications des procès, quand ils sont marquée par les tiroirs verbaux, ne sont pas favorables à l’inférence de la cause. Tendanciel dans le cas des procès repérés en temps (dans le passé habituel, par exemple), ce phénomène devient très ferme s’il y a achronie (comme dans le cas des présents gnomiques). L’accroissement quantificationnel des procès édulcore la temporalité, tend à troquer la succession pour la concomitance, et restreint l’inférence de la cause. La symétrie des quatre axiomes est lézardée. L’axiome sur la cause inférée n’a pas accès à la généricité. Le corollaire de l’axiome sur la cause inférée est pour sa part encore plus problématique, tant du point de vue logico-référentiel que sémantico-linguistique. En effet qu’exprime-t-on réellement avec Elle glissa, tomba, se tua? Une concomitance ou une consécution, une causalité ou une contingence? Après tout on ne tombe pas nécessairement d’avoir glissé, on ne se tue pas nécessairement d’être tombé, et le caractère fugitif de ces événements rend bien difficile la décision de savoir s’ils se déploient en succession ou en simultanéité. Quand à l’axiome de coïncidence, il tend vers la nécessité. Si vous donnez deux procès pour concomitants, vous tendez à les donner pour fortuits. C’est le fameux pendant ce temps… des récits populaires.
L’apparition d’un marqueur causal explicite dans la construction syntaxique à deux ou plusieurs verbes reconfigure complètement la situation. La causalité n’est plus inférée mais marquée, et les catégories de succession, concomitance, quantification des procès se redéploient différemment. La conclusion globale de notre analyse est que la quantification des procès et la concomitance temporelle tendent à résorber l’inférence de la cause. Qu’ont-elles en commun? Elles altèrent radicalement la représentation du dispositif de succession temporelle en contribuant à la disparition de la référence à un fait ponctuel unique arrivant juste avant un autre fait ponctuel unique. La concomitance les fait arriver à peu près en même temps, avec des chevauchement, des enveloppements brouillant le rapport antériorité/postériorité autant que le rapport cause/effet (c’est certainement avec ce problème à l’esprit que MOLENDIJK 1993: 175 parle d’implication non-temporelle pour les cas de figure où il y a simultanéité entre impliqué et impliquant, réservant le terme implication temporelle pour désigner les implication avec succession chronologique). La quantification de procès pour sa part inscrit les faits dans un système d’itération ayant des propriétés qualitatives particulières, et la généralisation des successions semble se faire plus facilement que la généralisation des liens causatifs. La langue semble donc être restée tributaire d’un traitement très empiriste et mécaniste du raccord causal, du moins pour ce qui est de l’inférence qu’on peut en faire en l’absence de marquage explicite (c’est ce que EBNETER et GESSNER 1974: 330-331 appellent la chaîne ontologique univoque et productrice, dont ils nient d’ailleurs un peu hâtivement le marquage dans les langues). On notera finalement que, la complexité de ces faits rendant la construction de tests sur exemples-maquettes extrêmement grossière et peu sûre, il est d’ors et déjà corroboré que la richesse des pondérations du phénomène de la tension entre cause inférée depuis des successions d’ordonnancements chronologiques, causes marquée par des connecteurs temporels, et cause explicitement marquée par ses propres connecteurs spécifiques, ne peut apparaître que dans des analyses effectuées sur du texte effectif.
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