Paul Laurendeau, linguiste, sociolinguiste, philosophe du langage

LAURENDEAU 2007B

LAURENDEAU, P. (2007b), « Catégories aspectuo-temporelles du verbe et contraintes de fonctionnement du texte », LARRIVÉ, P. dir., Variation et stabilité du français – des notions aux opérations, Éditions Peeters, Bibliothèque de l’Information Grammaticale, Louvain/Paris/Dudley,  pp 169-182.
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De la même façon, les expressions unité du sujet et de l’objet, du fini et de l’infini, de l’être et de la pensée, etc., présentent cet inconvénient que les termes d’objet et de sujet, etc., désignent ce qu’ils sont en dehors de leur unité; dans leur unité ils n’ont plus le sens que leur expression énonce; c’est justement ainsi que le faux n’est plus comme faux, un moment de la vérité.

G.W.F. Hegel, La phénoménologie de l’Esprit, (Traduction Jean Hyppolite), Aubier, Tome 1, p. 35

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Dans la perspective décapante que Jean-Marcel Léard a su si bien transmettre à ses élèves et à tous ceux qui l’ont côtoyé, l’approche préconisée ici repose sur un certain nombre de principes que le lecteur est invité à prendre en compte, sinon à partager, de façon à ce qu’il soit aisé de discerner si le débat s’instaure à partir de la démarche même ou à partir des fondements théoriques qui la déterminent. On peut identifier globalement ces fondements théoriques en les qualifiant de post-structuralistes, s’il est clairement compris que cela ne signifie absolument pas anti-structuralistes et encore moins non-structuralistes. Je présenterai brièvement ici quatre de ces postulats parce qu’ils se rapportent directement au programme proposé.

1) D’abord il est mis de l’avant que toutes les formes, qu’il s’agisse d’une morphologie affixée, d’un tour analytique (figé ou non), d’une combinaison textuelle ou d’une clise syntaxique, d’un tour périphrastique, d’un lexème, d’un connecteur, ou même d’une marque prosodique, sont des marqueurs d’opérations linguistiques égaux en profondeur (Laurendeau 1986: 76, note 2). Donc, d’une certaine manière, « à chaque fois que je dis morphologique, c’est toujours morpho-syntaxique » (Culioli 1985: 4 ; Culioli 1995: 17 ; Laurendeau 2000c: 78-80). On peut donc dire que, fondamentalement, il n’y a aucune hiérarchie abstraite des formes qui serait fondée sur quelque critère structural, diachronique, typologique ou de simple tradition grammairienne. On notera donc, corrolairement (puisqu’il sera ici notamment question de flexions verbales), que je ne néglige pas et ne surestime pas la morphologie (Lyons 1980: 299, sur le problème du marquage du temps grammatical par un florilège de formes), mais que j’évite prudemment le morphologisme (sur ce dernier, voir Laurendeau 2000b: 282-283).

2) Il découle de cet état de fait qu’il n’y a pas lieu d’opposer de l’en langue fondamental (…et noble!) à du en discours marginal (…et plébéien!). Les effets de sens ou effets de discours ont un statut totalement non marginal (Culioli 1976: 201-202, Culioli 1990: 128. Sur l’opposition langue/discours/parole, voir aussi les importantes distinctions et l’historique de la question établis dans Culioli 1978b, particulièrement 483, note 1). Ce principe suppose donc (à l’instar d’une bonne partie de la pensée structuraliste d’ailleurs) que l’idée d' »exception » ou de « cas ad hoc » est théoriquement transitoire et ne circonscrit que les limitations de notre exhaustivité. « Un des points difficiles c’est qu’il est à peu près impossible […] de se dire à un moment donné: ‘J’ai fait de bonnes observations de façon exhaustive’. » (Culioli 1985: 4, Culioli 1995: 17-18). Une des importantes conséquences méthodologiques de ce point est qu’il n’y a, dans le présent exposé, aucune prétention à la description achevée des phénomènes abordés.

3) Les régularités se manifestant dans l’activité de langage ne se formulent pas en termes de sens fondamental (signifié de puissance, forme logique, etc.) mais apparaissent plutôt comme des amas (clusters) d’opérations sémantico-énonciatives (Laurendeau 1985: 79-83, 110, pour un exemple du phénomène) où se manifestent un ensemble calibré de transpositions qualitatives entre catégories. En passant les unes dans les autres en un mouvement fondamentalement transcatégoriel, les catégories sémantiques constituent une modulation (sur la dialectique de la modulation: Culioli 1971: 73, Laurendeau 1988: 6-7) qu’il faut chercher à « désenchevêtrer sans [la] réduire » (Culioli 1976; 54. Pour un exemple de ce type de réduction en linguistique structurale, voir Laurendeau 2002: 295). Révélé par cette complexification de la dialectique tendancielle (sur ce concept et son application en typologie textuelle: Laurendeau 1990a: 126-127) s’instaurant entre le fondamental et l’afférent, le phénomène de la modulation transcatégorielle s’institue dans (et par) l’énonciation (qu’il ne faut pas confondre, au demeurant avec une « pragmatique ». Laurendeau 1997b; Laurendeau 2002c: 42-43) et fluctuera donc en texte (Laurendeau 1998b: 94-97). Ce fait central n’infirme en rien le programme descriptif unitaire dans la recherche des « régularités » langagières mais en détermine crucialement le modus operandi, et, notamment, retarde l’échéance et atténue la portée de toute affirmation triomphaliste de la capture immédiate d’un « sens fondamental ». La complexité (sur la question de la complexité: Culioli et Alii 1992: 10-11) de cette problématique n’accouchera ici, telle une montagne, que de la modeste souris de la prise de position suivante : il ne faut pas voir dans la présente étude une tentative d’appréhension du « sens fondamental » des quelques formes brièvement analysées, mais simplement la description, locale et limitée, de catégories sémantico-énonciatives particulières impliquées dans le vaste ensemble des modulations concernant ces formes.

4) Du phénomène du transcatégoriel déjà mentionné découle finalement le fait crucial qu’une catégorie sémantico-énonciative n’est pas isolable (pour un bref exposé de ce phénomène en ce qui concerne la catégorie d‘aspect: Culioli 1976: 221-222, Culioli 1980a: 183-184, Culioli 1980b. Sur l’actantialité, Laurendeau 2000a: 301-303). Conséquemment, « on fera travailler le texte, grâce à des manipulations, classiques au demeurant, mais qui, par extensions successives, feront surgir de nouvelles observations » (Culioli 1997: 14). Ici, on utilisera un simple exemple déjà analysé par Culioli. Considérons les trois paraphrases suivantes:

(1)        Il doit être arrivé

(Glose : « Il est vraisemblablement arrivé »)

(2)        Il devra être arrivé

(Glose : « Il faudra qu’il soit arrivé, quand… »)

(3)        Il devrait être arrivé

(Glose : « Il est vraisemblablement arrivé »)

(Culioli 1990: 20, exemples et gloses)

Cette manipulation restreinte des tiroirs du verbe devoir visant à séparer la modalité aléthique, marquée seulement en (1) et (3), de l’antériorité, marquée en (2), ne peut se faire sans une prise en compte de l’impact de la manipulation sur le temps, l’aspect, la modalité déontique etc. Il est clair que l’exercice consistant à séparer une catégorie d’une autre ne pourra s’effectuer que par l’intrication avec une troisième (attendu qu’une quatrième, une cinquième, etc. demeurent présentes, stables ou fluctuantes, tout au long de la manipulation textuelle, voir aussi Laurendeau 1998b: 109-112). Conséquemment, prétendre qu’une catégorie sémantico-énonciative existe seule ou apparaît isolée dans les données linguistiques procède toujours d’une abstraction classificatoire et jamais des faits.

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Portée du procès et site diégétique du texte

Il s’agit donc d’explorer, pour les définir, les fondements théoriques qui permettrons de décrire la transcatégorialité sémantico-énonciative marquée dans la morpho-syntaxe du verbe. Le texte apparaît comme un lieu central de cette exploration. Le point de repère initial de tous procès marqué par le verbe est la situation énonciative dans laquelle s’ancre le texte. Il est admis que celle-ci peut être translatée ou occultée en une multitude de stratégies (Laurendeau 1989b: 149-151, Laurendeau 1995b: 173, note 1) mais qu’elle demeure comme point d’émergence fondant la construction des catégories marquées par les formes verbales (Culioli 1980a: 185-186). On admettra ensuite que la stricte énonciation d’une construction verbale fonde un site.

Je partirai du principe suivant: dans les constructions que l’on effectue, dans les relations que l’on établit, tout terme entrant dans la relation doit être nécessairement situé, c’est-à-dire être stabilisé dans un schéma par rapport à un autre terme. Être situé, trouver une stabilité, signifie avoir une assiette ou, dans un style plus moderne, avoir un site. On voit comment ce qui a été dit plus haut se relie à la notion de site; on voit aussi que parler de site implique qu’il existe des bonnes formes. L’activité des énonciateurs consiste à produire, interpréter, mettre en question de bonnes formes, à travers le jeu des représentations, des références et des régulations interlocutoires.

(Culioli 1990: 119)

Le site (voir aussi, à son sujet, Milner 1989: 291-309) articulé par la prédication verbale se construit minimalement comme un intérieur circonscrit dans le pourtour diégétique du repère constitutif (ce dernier pouvant se construire comme repère situationnel et être de ce fait identifié au moment de l’énonciation, ou pas. Culioli 1978a: 302-303, note 4, Laurendeau 1995a: 337-338; Laurendeau 1999: 421-422). Le site est soumis à la pression constante de la régulation interlocutoire, notamment à la tension permanente entre prise en compte et prise en charge dans la co-énonciation (Laurendeau 1989a). Comparons:

(1)  J’ai faim. Allons manger

(2)  J’ai faim. On regardera cela plus tard.

(3)  J’ai faim. On ira manger?

(4) J’ai faim. Regardons cela plus tard

En (1) les deux procès sont construits sur une assiette homodiégétique. Des liens d’ordonnancement complexifiés de connections sémantico-logiques les unissent. Un faisceaux de propriétés convergent. Proximité temporelle confinant au chevauchement (overlap), lien d’implication entre le statif et l’inchoatif, ponctualité, volition, injonction. En (2) les deux procès sont construits de façon hétérodiégétique. Le premier procès est marqué comme situé, le second comme aoristique (Culioli 1980a, de Vogüé 1995). Cela ne se réduit en rien à une opposition présent/futur mais a aussi des conséquences en termes de durées de procès (le procès situé tend ici à perdurer au moment de l’énonciation), de limites de procès (le procès aoristique est construit comme voué à ne pas s’ouvrir tant que le procès situé ne se sera pas fermé. Peut-être même ne s’ouvrira-t-il jamais…), d’ordre de procès (il sont voués à, au mieux, se succéder, et leur concomitance semble exclue: l’énonciateur refuse de travailler en ayant faim), de modalité (opposition ferme entre un « nécessaire », de fait un inévitable, asserté et un possible reporté). Le cas (3) procède d’une manipulation plus complexe, on parlera dans son cas de diégèse composite. Certaines propriétés procèdent de l’homodiégèse, comme la très solide agglomération notionnelle (Laurendeau 1997a: 145-146) entre les deux procès, fondée sur la relation primitive FAIM Û MANGER, et qui fait qu’il ne sera plus possible dans la suite de l’échange de mentionner la faim de l’énonciateur sans évoquer le programme sustentateur préconisé dans la requête de (3). D’autres propriétés procèdent de l’hétérodiégèse, comme la portée du second procès. En adaptant une définition formulée initialement par Genette (1972: 89) on dira que la portée du procès est la distance, à la fois temporelle, aspectuelle, et modale, séparant le procès de la situation énonciative ou du repère constitutif. Cette « distance » est ni absolu, ni quantifiable. Elle est au contraire toujours qualitative et relative. Mais surtout, comme un grand nombre des phénomènes sémantico-énonciatifs traités ici, elle mobilise la cruciale catégorie d’indéfinition (Culioli 1980a: 190, de Vogüé 1995: 249-251). Ainsi la portée du second procès est plus grande en (3) qu’en (1), et il est assez probable que la forme irons contribue très fortement à cet élargissement de la portée du second procès, qui a comme conséquence d’élargir l’amplitude (Genette 1972: 89) de l’assiette diégétique. À J’ai faim. Allons manger tout de suite s’oppose ici J’ai faim. On ira manger quelquepart dans la soirée? Ici, c’est la notion FAIM, généralement soumise à faire transformateur trois fois sur une période d’un jour, qui pondère quelque peu l’indéfinition fondamentale des deux amplitudes, dont on ne sait qu’une chose de sûr: l’une est moins restreinte que l’autre. La plus grande portée du second procès en (3) s’accompagne d’une certaine perte de sa force assertive, ce qui dégage un nouveau faisceaux de propriétés: opération de parcours avec extraction, interrogation, requête, supplique. Finalement en (4) on a aussi une diégèse composite que relève d’une manipulation en quelque sorte inverse de la précédente. Plus tard est l’ultime trace de valeur aoristique. Pour le reste, on assiste à une diminution de la portée du second procès et à un renforcement modal de la requête qui en fait une injonction (Culioli et Paillard 1987: 528-529). Dans tous ces cas de figure, le texte apparaît comme porteur d’importante contraintes qui se donnent à l’investigation.

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Temps, ordre de procès et repérage homodiégétique

Lorsque les procès font l’objet d’un repérage homodiégétique, les notions et les notions de procès se regroupent et font corps autour du repère situationnel ou du repère constitutif. L’unité textuelle constituée n’est pas strictement une « unité de temps » mais une complémentarité aspectuelle, modale, une constante quantitative et qualitative, une constante sur l’axe spécificité/généricité, même une manière de recto-tono dans les actes de langage mobilisés, qui favorisent la transition narrative (Laurendeau 1995a: 340-342). Il devient alors possible de stabiliser certaines catégories et d’observer le mouvement de certaines autres. On arrive par exemple a stabiliser le temps (tous les procès du corpus suivant sont passés par rapport au moment d’énonciation), la modalité (ils sont tous assertifs, dans le factitif ou dans le volitif) , la généricité (ils sont tous spécifiques), la quotité (ils sont tous ponctuels).

(5) J’avais faim donc j’ai mangé

(6) J’avais faim donc je mangeais

(7) J’avais faim donc je voulais manger

(8) J’avais faim donc j’ai voulu manger

Intéressons-nous ici à la catégorie d’ordre de procès, bien distincte du temps. En (5) on observe nettement une succession de procès (Laurendeau 1998: 181-185). Le premier marque une antériorité, le second une postériorité, de façon corrélée et biunivoque. (6) marque une coïncidence de procès (Laurendeau 1998: 185-190), mais cette dernière est approximative. De par les relations primitives engagées dans la référence on assume que le premier procès s’est amorcé avant le second et devait probablement diminuer a mesure que le second se déployait. On nous fait le portrait d’un affamé en train de se sustenter. Dans le cas de tels chevauchements de la coïncidence de procès, on parlera plutôt de concomitance de procès (Laurendeau 1998: 185). En (7) la coïncidence des deux procès est parfaitement lisse et uniforme. La faim et la volonté de l’apaiser s’accompagne et se co-impliquent. C’est seulement dans de tels cas qu’on parlera de simultanéité des procès (Laurendeau 1998: 187). En (8) Le second procès émerge au beau milieu du déploiement du premier, et on sent déjà que les chances sont assez bonnes pour que le premier perdure plus longuement que le second, qui sera possiblement interrompu ou contrarié. On parle alors de recouvrement (du second procès par le premier. Laurendeau 1998: 189). Observons maintenant un fait capital. Seul le texte (6) forme un récit clos. Dans les trois autre cas on attend avidement, soit une suite, soit une introduction et une suite. Pour (6): … quand soudain, on frappe à la porte. Pour (7), en ayant par exemple ouvert le texte sur un repère origine du type Quand on est rentrés du théâtre, suivi après notre exemple de: … Mais le voilà qui se lance dans une grande critique de la pièce en me dévorant mon repas sous le nez. Pour (8) avec le même repère-origine: …Pas moyen. Il a fallu que je raccompagne monsieur qui dégoisait sans fin sur la direction d’acteur et les faux plis des costumes. Il y à la une propriété textuelle de l’ordre de procès qui aura de grandes conséquences pour l’étude de la morpho-syntaxe du verbe: la coïncidence de procès est un co-repérage des procès ne faisant pas exclusivement diégèse. La succession de procès est une caractéristique incontournable du récit, même du micro-récit, clos. On peu avoir des successions sans coïncidences, comme le montre (5). On ne peut pas avoir de coïncidences sans successions, sans s’exposer à déclencher des requêtes de poursuite de récit chez le co-énonciateur. Les conséquences de ce fait en syntaxe du verbe sont multiples et complexes, notamment en co-énonciation parlée, quand les propriétés logogènes (« qui font parler ») et logolythiques (« qui font ne pas parler ») des énoncés doivent être prises en compte (Laurendeau 1999: 425, note 2). On peut entre autres citer le fait que la coïncidence de procès sera assez naturellement exploitable dans la construction de transitions narratives, notamment en réponse à une interrogation factuelle. (Laurendeau 1995a: 340-342).

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Accompli.  inaccompli et repérage hétérodiégétique

À cette première importante dissymétrie homodiégétique va s’en ajouter une seconde, hétérodiégétique cette fois. Il est possible de procéder à des manipulation qui, sans sortir du site diégétique, vont pousser le texte vers une forte hétérodiégèse. Il s’agit simplement d’élargir l’amplitude diégétique en augmentant la portée du premier ou du second procès par rapport à son co-repère. Des contraintes très sophistiquées apparaissent aussitôt:

(9) J’avais faim donc je mange

(10) J’ai faim donc je mangerai

(11) J’avais faim donc je mangerai

En (9) les deux procès ne semblent pas procéder de la même diégèse et le premier n’est pourtant pas marqué par quelque passé antérieur ou « plus-que-parfait » à portée lointaine. Il faut se méfier avant d’étoiler (9), car il pourrait tout à fait apparaître comme reprise polémique ou simplement réitérative de J’avais faim souviens toi, donc maintenant je mange. (le co-énonciateur dis Pardon? après cet énoncé, et on reprend (9) avec plus ou moins de sécheresse, fonction de l’atmosphère). Le préconstruit complexe qui affleure ici nous révèle plus crûment la complexité de la stricte hétérodiégèse, sans aoriste. Il y a pré-asserté. On peut supposer qu’au théâtre, l’énonciatrice a annoncé sa fringale, et que celle-ci s’est par la suite trouvée oubliée, rabrouée peut-être, dans la séquence d’événements qui a suivi, jusqu’à l’arrivée dans la cuisine à la fin de la soirée. L’énonciatrice reprend alors son texte en le tirant de cette première diégèse, et l’enchâsse dans une seconde, contemporaine à l’énonciation et cursive, c’est-à-dire suivant et épousant l’action mise en texte. En (10) on s’adonne plutôt à une activité prospective de type avertissement préparatoire. Idée de: « ne t’étonne pas de voir ce comportement se manifester dans un prochain avenir, ou ce thème resurgir dans un texte ultérieur ». D’amplitude maximale, (11) cumule quelquechose des deux précédents et nécessite des intermédiaires narratifs complexes pour voir sa valeur référentielle assurée. Maintenant observons un phénomène important. Tous les procès co-repérés ici sont de temps différents, certes, mais surtout, ce sont tous des inaccomplis. Si on place des accomplis en position de second procès, on retrouve une solide consistance diégétique. Le fait est particulièrement saillant pour les deux premiers cas. En (9), cela devient J’avais faim donc j’ai mangé. En (10) J’ai faim donc j’aurai mangé (quand tu arriveras). Il semble donc que l’alternance aspectuelle accompli/inaccompli soit un facteur majeur d’homodiégèse. Le présent raisonnement est aussi dissymétrique et se synthétise comme suit. Une combinaison de procès accomplis et inaccomplis, ou une combinaison de procès accomplis (Je suis rentrée, j’ai mangé, je me suis couchée) sont des garants de l’homodiégèse. Une accumulation de procès inaccomplis appelle l’hétérodiégèse. Je rentre, je mange, je me couche est soit générique et gnomique comme dans Moi d’habitude, je rentre, je mange, je me couche, mais ce soir là…, soit spécifique et cataphorique d’une rupture narrative comme dans Ce soir là, je rentre, je mange, je me couche, quand soudain…, soit finalement exceptionnel et démarqué comme tel, comme dans Moi, pour changer ce soir, je rentre, je mange, je me couche. Dans un énoncé en discours détaché (en discours cursif, tout change! Sur la distinction cursif/détaché: Laurendeau 1995a: 335, note 1), saisir à la chaîne des procès en cours d’accomplissement entraîne son lot précis de contraintes textuelles.

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Ponctualité, itération, quantification, qualification et diégèse composite

Lorsque les procès font l’objet d’une diégèse composite, aux notions et notions de procès qui se regroupent et font corps autour du repère situationnel ou du repère constitutif, s’opposent les procès a valeur aoristique qui flottent « plus loin » au sens à la fois temporel, aspectuel et modal. L’unité se disloque alors et des problèmes plus complexes jaillissent: le ponctuel, le générique, l’itératif, le gnomique, l’assignation de propriété. Il devient plus difficile de stabiliser certaines catégories et d’observer le mouvement de certaines autres. La transcatégorialité est beaucoup plus fortement au centre des manipulations..

(12) L’hiver dernier, j’ai mangé dans ce restaurant

(13) L’hiver dernier je mangeais dans ce restaurant

(14) L’hiver, Je mange dans ce restaurant

(15) L’hiver, Je mange au restaurant

(16) L’hiver, les bernaches partent pour le sud

L’HIVER est une notion détenant des propriétés physico-culturelles (Laurendeau 1997c: 43, note 1) relevant de la quantification/qualification de procès, la quotité (Culioli 1976: 163-168, 235-238, Culioli 1985: 39-40, 51, Culioli 1990: 116), autant que procédant d’un repérage situationnel. C’est une durée bornée revenant selon une cyclicité stable, et l’on parle toujours depuis un situationnel qui est hivernal, pré-hivernal, post-hivernal ou non hivernal. La distance à la diégèse et les conséquences argumentatives ou narratives des données de ce dernier corpus sont donc fluctuantes fonction du fait que l’énonciateur s’exprime en juillet ou en décembre, assignant de facto un statut situationnel distinct au domaine HIVER. En (12) le procès a eu lieu un nombre restreint et indéfini de fois pouvant se ramener à une seule. On est dans le fortuit. Seule une quantification définie explicite pourrais ouvrir (12) vers un grand nombre de réalisations du procès, en même temps que vers l’inhabituel et le haut degré portant des colorations appréciatives (L’hiver dernier, j’ai mangé 82 fois dans ce restaurant!). En (13) on a affaire à un habituel, de type répétitif aléatoire, révolu (Culioli 1974: 19), solidement, passé, et dont toute trace d’inaccompli est exclue. En (14), c’est l’élément qualitatif qui prend le dessus dans la quotité de procès. C’est maintenant un habituel, de type itératif non aléatoire, et non révolu. Affleure aussi le phénomène de l’assignation de propriété qui rend (14) glosable par un statif corrélé, quelquechose comme: Je suis une pratique strictement hivernale de ce restaurant. L’assignation de propriété culmine en (15), qui fait de l’énonciateur un client hivernal des restaurants « at large ». Le texte, alors, le décrit complètement tout en ne racontant plus rien. L’élimination de la deixis et de la spécificité personnelle en (16) ouvre finalement sur l’aoristique gnomique (Culioli 1985: 23). Ces cinq cas ont un trait en commun: du fortuit, au répétitif aléatoire, à l’itératif habituel, au gnomique ils marquent tous une quantification non ponctuelle du procès impliquant une certain charge qualitative. Toute quantification de procès, autre que strictement ponctuelle, déborde sur du qualitatif et, corrolairement, quitte le plan narratif au profit du plan descriptif. Se manifeste alors dans le texte ce que Genette (1972: 123) nomme anisochronie: une rupture du rythme du récit à visée fondamentalement descriptive. Situées ou aoristiques, ces ruptures sont un trait dominant de la diégèse composite.

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Vers une dialectique des catégories verbales et des tendanciels textuels

Les présente manipulation, malgré leur caractère très limité et fragmentaire, ont mené à trois conclusions de portée générale sur le lien entre trois catégories sémantico-énonciatives du verbe, l’ordre, la limite et la quotité, et la typologie des textes, ou plus précisément des tendanciels textuels (Laurendeau 1990a. Sur les éléments d’une narratique énonciative en formation, voir aussi: Laurendeau 1989b: 165-173). La succession de procès est une caractéristique incontournable du récit, même du micro-récit, clos. Il n’y a pas de syntaxe du verbe sans ordre de procès, et la concomitance, cet intermédiaire « malpropre » entre succession stricte et coïncidence stricte a une grande importance narrative. Une combinaison de procès accomplis et inaccomplis, ou une combinaison de procès accomplis sont des garants de l’homodiégèse. En récit, l’inaccomplis fonctionne fréquemment comme un cataphorique de l’accompli (Laurendeau 1995a: 340-342), ce dernier semblant voué à marquer les « points d’orgue ». Toute quantification de procès, autre que strictement ponctuelle, déborde sur du qualitatif et, corrolairement,  quitte le plan narratif au profit du plan descriptif. La catégorie de quotité est un des éléments clefs de l’effet aoristique (de Vogüé 1995: 252). Terminus ad quem des présentes manipulations, ces trois conclusions ont un statut absolument central dans l’économie de l’investigation devant mener à la mise en place des catégories sémantico-énonciatives du verbe dans une perspective dialectique. Cruciale aussi, et plus grave, est la radicale altération introduite dans les conceptions structuralistes de la sémantique des catégories par le présent programme. Les conséquences ne se réduisent en rien à l’idée pâlement étapiste du « passage de la phrase au texte ». Un tel triomphalisme est non avenu car il charrie la fausse impression que tout est globalement résolu en morpho-syntaxe de la phrase, de la prédication, du verbe! Or, même les énoncés les plus minimaux sont à revoir, à reproblématiser. La multiplicité des effets textuels des manipulations nous force à une réorganisation fondamentale de notre conception de la classification des phénomènes. Est d’abord éliminée la symétrie des structures. À J’ai du manger dans ce restaurant, fluctuation épistémique, ne répond pas symétriquement Je vais devoir manger dans ce restaurant, assertion impliquent du déonthique/aléthique. J’aurai  faim, prospectif débouchant sur du prescriptif, ne répond pas à J’avais faim, narratif cataphorique saisissant le procès en cours d’accomplissement et appelant en texte le marquage par un autre tiroir de sa mutation ou de son interruption. A J’ai mangé, accompli non-concomitant, ne répond pas mécaniquement Je mange, inaccompli certes (cette fois au sens fort, du moins en discours cursif) mais pouvant être impliqué dans des coïncidences autant que dans des successions. « Quelquepart, ça se tord, ça ne correspond plus exactement, et le travail du linguiste consiste à expliquer pourquoi il en est ainsi » (Culioli 1985: 66). La rigidité limitative de la classification traditionnelle des catégories verbales est aussi à revoir. L’antériorité, pensée comme un temps est de fait un ordre. Le ponctuel et l’itératif, traités comme des aspects sont de fait des quotités. Mais redéfinir les catégories sur une base rigoureuse ne suffit pas. « Il y a toujours beaucoup d’injustice à trancher dans le vif des phénomènes… » (Culioli 1984: 78). De fait, les contraintes textuelles révèlent que ces phénomènes passent les une dans les autres. La concomitance, quand elle est repérée par rapport au moment de l’énonciation du texte, devient un temps: le présent. L’accompli et l’inaccompli, co-repérés dans un texte où l’un est repère constitutif de l’autre, deviennent des passés. Le futur dont on a dit et redit qu’il était modal, devient dans certains conditions textuelles plus fermement assertif que tous les autres (Laurendeau 2000b). Finalement la fausseté (au sens hégélien) des étiquettes descriptives des catégories du verbe nous déroute et nous questionne en même temps (sur la crise des métatermes hérités en linguistique descriptive: Laurendeau 1990b: 37-39). Perpétuer ces étiquettes nous oblige toujours plus ou moins à mobiliser des désignations renvoyant à ce que les catégories sont en dehors de leur unité avec le texte énoncé. L’appellation « futur antérieur » qui capte un temps et un ordre en les distinguant de façon assez juste pour certains des usages du tiroir, en ne négligeant que les dimensions modales, quantitatives, qualitatives, aspectuelles, etc., toujours déjà présentes en texte, est certes une étiquette un peu moins délirante que l’appellation « plus-que-parfait », qui nous abandonne dubitatif face à l’idée très difficile d’un texte où pourrait se manifester une quantification intensive graduée sur une réalité discrète: l’accompli. Mais globalement le travail d’étiquetage des catégories verbales, fondamentalement une classification unilatérale, se dérobe quand on procède à des manipulations textuelles, même fort élémentaires comme celles exploitées ici. Les mots nous manquent pour simplement décrire la complexité de ce qui se passe, et ce n’est en rien une raison de se taire, en quelque malsaine ivresse wittgensteinienne. La réalité mobile, labile, mais cohérente de la transcatégorialité traverse la totalité des marquages d’opérations linguistiques par des formes toujours déterminées en combinatoire textuelle. Quand la conscience de ce fait crucial traversera intimement la totalité des stratégies heuristiques et descriptives, c’est alors qu’on commencera à se diriger vers une dialectique des catégories sémantico-énonciatives du verbe. La prise en compte de la dimension textuelle du problème morpho-syntaxique est un volet incontournable de ce lent développement.
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