Paul Laurendeau, linguiste, sociolinguiste, philosophe du langage

LAURENDEAU 1997A

LAURENDEAU, P. (1997a), « Concomitance de procès, contingence et agglomérat notionnel: agir/être en…« , Faits de langues, n° 9, pp 145-154.
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Le premier postulat du présent exposé endosse, avec les nuances et la circonspection nécessaires, l’idée selon laquelle les prépositions sont des marqueurs au fonctionnement sémantico-énonciatif unitaire (Benveniste 1949: 132, voir aussi Benveniste 1972: 141). Le second postulat, moins « programmatique » mais tout aussi incontournable que le premier se formule en termes moins glorieux: « …mais rien ne presse: une théorie de la préposition est nécessairement une tâche de longue haleine. » (Choul 1982a: 35). Conséquemment le schéma unitaire de la préposition EN ne sera pas révélé ici! Plus modestement, Nous concentrerons notre attention SPÉCIFIQUEMENT (quoique non exclusivement) sur une exploration des tours AGIR/ETRE EN… impliqués dans la construction d’une AGGLOMÉRATION NOTIONNELLE (sur le notionnel: Culioli 1981, 1990: 47-134, 1995: 32-84, Culioli et alii 1992: 62-64, Laurendeau 1986c: 68-69).

L’AGGLOMÉRATION NOTIONNELLE: Cette opération de repérage énonciatif entre notions correspond à l’opération GAMMA dans la logique naturelle de J.B. Grize (1982: 227. Le métaterme opère une mimésis matérialiste du réel dans le métalangage au sens de Laurendeau 1990b: 39-42), en tension dialectique avec sa converse GAMMA BARRE: enrichissement de la classe-objet par accumulation ET EN MEME TEMPS appauvrissement par restriction (cf Laurendeau 1986a: 577-578 et 613-623 pour une description détaillée de la polyopération). Son résultat, l’AGGLOMÉRAT NOTIONNEL, se construit ici, notamment, entre le prime actant et la notion introduite par EN, via le relateur verbal. Imaginons que vous répondez à la question QUE FAIT LEBRUN, LE GARDIEN DE PHARE? par trois réponses distinctes impliquant le verbe actif VIVRE: (Eh bien,) Il vit en gardien de phare, Il vit en ermite, Il vit en retrait. Dans la première réponse LEBRUN et LE GARDIEN DE PHARE apparaissent comme identiques (ou à tout le moins identifiés, comme HUGO et L’AUTEUR DES MISÉRABLES, cf Culioli 1976: 40-41). Il y a, bon an mal an, une seule notion en cause. Le premier énoncé joue donc de redondance (ce qui ne signifie pas qu’il soit redondant, il s’en faut de beaucoup!). On observe alors dans son cas que la glose par COMME est difficile: « Dans il parle en père, il s’agit de quelqu’un qui est pleinement père, mais dans il parle comme un père, c’est plutôt quelqu’un qui parle comme s’il était un père » (Togeby 1984: 151). Dans la troisième réponse, LEBRUN et le RETRAIT sont en complète rupture notionnelle, malgré le fait qu’il y a toujours pleine HYPOTAXE (Laurendeau 1995b: 172, note 1). Le repérage opère alors comme une « localisation abstraite sans agentivité » (Culioli 1985: 103). Comparer avec Il vit en campagne, en Picardie etc. (cf Bescherelle 1892: 1381c. Sur l’utilisation des sources lexicographiques pour l’analyse des prépositions voir aussi Choul 1982b: 21, Benveniste 1972). Dans les trois exemples à propos du gardien de phare Lebrun, L’AGGLOMÉRATION NOTIONNELLE est représentée par le second cas, où DEUX notions distinctes mais logico-narrativement compatibles (Laurendeau 1989b, 1995a: 340-342), nommément LEBRUN-LE-GARDIEN-DE-PHARE d’un côté et (UN) ERMITE de l’autre sont repérées l’une par rapport à l’autre via le relateur verbal, sans que l’on assiste ni à une identification jouant de redondance, ni à la localisation de deux notions distinctes, mais plutôt à une forme complexe de QUALIFICATION de la première par la seconde (Wartburg et Zumthor 1958: 369). Dans ces cas très particuliers, on peut dire en première approximation circonspecte que le rôle de EN « c’est de marquer certains rapports entre un nom et un autre nom » (Destutt de Tracy 1970: 109). Le couple de « noms » GARDIEN DE PHARE/ERMITE constitue ainsi un AGGLOMÉRAT NOTIONNEL formant une nouvelle classe-objet, à la fois enrichie et appauvrie, et désormais intégralement PRISE EN CHARGE (Laurendeau 1989a: 115-117) par l’énonciateur, à l’exclusion de la localisation et de l’identification (cette dernière faisant éventuellement l’objet d’une PRISE EN COMPTE, Laurendeau 1989a: 117-122). Conséquemment, dans la suite du récit sur Lebrun, il ne sera plus possible d’évoquer ce dernier sans entrevoir ce statut d’ermite, ni d’évoquer la vie en ermite sans se remémorer Lebrun. Il est crucial de signaler l’étroite proximité entre les tours présentés ici et le moule EN + GÉRONDIF (voir notamment Franckel 1988: 116, sur la relation entre gérondif et localisation).

DIALECTIQUE DE LA CONCOMITANCE: La corrélation entre verbe actif et verbe statif (par opposition au verbe processif marquant un fait sans acteur) est à rapprocher des propriété particulières de la concomitance. Elle n’a pas échappé aux commentateurs dans leur réflexion autour de la préposition EN. Sur le déclin de la valeur locative, Oudin (1640: 312) écrit: « Ainsi des choses qui contiennent matériellement, IL EST DANS SA CHAMBRE, IL EST DANS SON LOGIS: ce qui se dit plus proprement qu’EN SA CHAMBRE et EN SON LOGIS. Et tout cecy se doit entendre du verbe ESTRE: car autrement on peut dire, IL EST LOGÉ EN CE LIEU LA: IL LUI A DRESSÉ CETTE LETTRE LA EN SON LOGIS, &c. » En travaillant à une spécification de la copule locative pure (être dans) c’est en fait à un rapprochement entre le statif (être logé en…) et l’actif (« dresser » une lettre en…) que le commentateur procède. Cette étroite CORRÉLATION ACTIF/STATIF se manifeste nettement par un ensemble de COMMUTATIONS FORMELLES signalées dans les descriptions: « Etre, mettre en miettes, en loques, en lambeaux, en tas. » disent d’un même trait Hatzfeld et Darmesteter (1890: 879b). On goûtera à cet effet le lent dégradé suivant, de l’actif vers le statif: se coiffer en cheveux (Littré 1871: 657), être coiffé en cheveux (Hatzfeld et Darmesteter 1890: 879b), être en cheveux, Personne en cheveux (Robert 1953), que l’on comparera cependant au dégradé suivant, du processif vers l’actif: « Eclater en sanglots, en pleurs, en cris, en reproches » (Hatzfeld et Darmesteter 1890: 879b) qui prouve que les passages d’un type de procès à l’autre sont en fait multiples. Contrairement à ce que l’on reconnait intuitivement (la classique opposition entre ACTION et ÉTAT), l’opposition cruciale se constitue ici entre ACTION et PROCESSUS. Observons d’abord, sous cet éclairage, que la CONCOMITANCE SUR GÉRONDIF construite par EN tend à évacuer le statif et à construire une opposition entre une ACTION et un PROCESSUS se déroulant alors « en même temps » et souvent littéralement « l’une dans l’autre » (dialectique, l’opposition passe en identité). « EN forme le gérondif qui marque le temps, l’époque comme, dans cette phrase: On apprend en vieillissant; ou la manière: Parler en tremblant; ou la cause: il s’est blessé en tombant; ou la condition: Vous trouverez en cherchant. » (Académie, cité dans Dupré 1972: 820a). Les deux premiers exemples opposent (associent dans la concomitance) nettement l’action au processus. Les deux seconds, opposent (associent dans la concomitance) bel et bien deux processus ou deux actions. Il suffirait cependant d’explorer les gloses possibles de ces deux derniers exemples pour s’aviser D’UNE PERPÉTUATION TENDANCIELLE DE L’OPPOSITION ACTION/PROCESSUS. D’ailleurs, ertains phénomènes qui seraient sentis en français moderne comme pléonastiques confirment la solidité de cette opposition PROCESSUS vs ACTION: se sauver en fuyant (Girard 1747: 226) ou ACTION vs PROCESSUS: Il dit en parlant (Littré 1871: 658). Cherchons maintenant à réintroduire le statif dans l’armature de cette opposition. On n’y arrivera qu’au prix d’une nominalisation d’au moins un des deux côtés du moule. Il y aurait beaucoup à dire sur la compatibilité entre le gérondif et le statut nominal. On se contentera de citer un exemple de l’ancienne langue: vi un songe en mon dormant (Roman de la Rose cité dans Tobler et Lommatzsch 1925: 153a) qui montre bien combien l’ÉTA(N)T s’avère hautement nominalisable. On confirme de plus que, depuis l’ancienne langue, il est possible de procéder à la construction d’une CONCOMITANCE ENTRE ACTION ET PROCESSUS EN REMPLAÇANT LES FORMES MARQUANT CE DERNIER PAR UN BORNAGE TEMPOREL STATIF EXPLICITEMENT CIRCONSCRIT: Il escrivit l’oraison contre Midas en l’aage [sic] de trente deux ans (Amyot cité dans Huguet: 385b), En son anniversaire ils tuyent cinquante chevaux (Montaigne, cité dans Huguet: 385b). C’est l’univers des repérages temporels non-déictiques, dont le français moderne conserve de nombreux exemples: Le curé venait souvent en semaine causer avec sa pénitente (Maupassant, cité dans Grevisse 1980: 1189), en l’espace d’une seconde (Dupré 1972: 817a). Dans tous ces cas l’état (correspondant à des bornages duratifs ou instantanés de repérages temporels) EST FONDAMENTALEMENT CONTINGENT. On dégage alors les ressorts d’une compatibilité ÉTAT/PROCESSUS. Aux points de repère temporels reçus culturellement (anniversaire, semaine, etc) peut se substituter un PROCESSUS CONSTRUIT COMME UN ÉTAT. Se trouve-t-il en campagne (La Bruyère, cité dans Haase 1969: 343) signifiait bel et bien « est-il à guerroyer ». ÉTAT et PROCESSUS tendent à passer l’un dans l’autre dans la dialectique de la concomitance. Autres cas: femme en couche, dévote en extase, balance en équilibre, (Girard 1747: 224), mourir en couches (Nyrop 1930: 117). Par le biais de la contingence du statif (ce qui est une fort jolie définition que l’on pourrait donner au processus!), la CONCOMITANCE nous ramène à l’AGGLOMÉRAT NOTIONNEL. Dans le commentaire suivant: « Commander en chef, En qualité de chef. On dit de même Général en chef, etc. » (Académie 1932: 455c), le lexicographe a bien senti la corrélation entre la notion agglomérée et l’état contingent (cf cet ancien tour qui nous reste tout à fait familier, à quelques nuances formelles près: Demaratus se prit à plorer de joie, en bon vieillard comme il estoit, Amyot, cité dans Dupré 1972: 815b). L’état ne s’oppose pas au processus mais s’y associe étroitement. « Dans la construction la maison est en feu, la maison et le feu ne font qu’un… » croit Togeby (1984: 150). Cette unicité n’est pas notionnelle. C’est plutôt celle, toute transitoire, d’une concomitance contingente entre un étant (la maison) et un processus (le feu). De ce point de vue, l’ERGATIF (comparer à la glose la maison brûle. Sur l’ergatif voir Lyons 1970: 269-270) n’est jamais qu’un épisode de l’opposition fondamentale ACTION (apparente)/PROCESSUS (effectif). Parallèlement, la compatibilité entre l’état et l’action face au processus se manifeste aussi dans le RÉSULTATIF, avec trace verbale explicite: des fusils mis en faisceaux (Nyrop 1930: 117), ou sans: Il y en avait des en costume de bain et des habillés (Queneau, cité dans Robert 1985: 932b). LA DIALECTIQUE (il s’agit ici d’une DIALECTIQUE TENDANCIELLE, au sens de Laurendeau 1990a: 126b-127b) DE LA CONCOMITANCE OPÉRÉE PAR EN…, C’EST LE FAIT QUE NE SONT GÉNÉRALEMENT POSÉES COMME SE DÉROULANT « EM MEME TEMPS » QUE DES RÉALITÉS QUI S’OPPOSENT ACTANCIELLEMENT MAIS PEUVENT MAlGRÉ (OU A CAUSE DE) LEUR OPPOSITION EN VENIR A S’AGGLOMÉRER. Les tours AGIR/ETRE EN… posent de concert concomitance et agglomération notionnelle. SE TRANSFORMER EN… résoud l’agglomérat en valeur résultative, ce qui en altère les propriétés en instaurant explicitement la DIFFÉRENCIATION (Culioli 1985: 32). C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de concentrer notre attention strictement sur les tours AGIR/ETRE EN… Les données diachroniques (fournies strictement à des fins descriptives. Il n’y a pas ici de « justification diachronique » d’un cadre d’analyse. Pour une critique de ce genre de justification: Laurendeau 1986b: 147-149) et diatopiques se présentent comme suit.

AGIR EN…: La genèse historique du tour AGIR EN… opérant une agglomération notionnelle se constitue à l’exclusion d’autres valeurs, notamment la locative (qui se perpétue dans des tours tel Prendre en flanc, Académie 1932: 455c, Mettre des cornichons en bocaux, Guilbert, Lagane et Niobey 1971: 1592a-c.). L’émergence de l’agglomérat notionnel est à rechercher dans la valeur dite « comparative » que la préposition en peut prendre depuis l’ancien français. On observera que Oudin (1640: 311-312) atteste les tournures « comparatives » en lion, en renard, en allemand (il donne ce dernier comme ayant « un sens double » qui se glose « comme un allemand, ou en langage allemand » cf Ulysse se habilla en mercier. Il porte les cheveux en allemant, Palsgrave cité dans Godefroy 1880: 80a), mais ne précise pas la nature du relateur verbal (ACTION, ÉTAT ou PROCESSUS). Il en est autant des tours suivants de l’ancien français cités par Godefroy (1880: 80a,b): en bourgeoisie (« bourgeoisement »), en chevauchons « jambe deça jambe delà, comme si l’on était à cheval »), en foi (« fidèlement »), en humain (« sur cette terre »). Mais, par la suite, les principaux cas de figure de ce phénomène de « comparaison » (de fait un agglomérat notionnel) restitués par les commentateurs concernent le sens spécifique pris par le tour à la suite d’un verbe qui est bel et bien strictement ACTIF (ni STATIF, ni PROCESSIF, donc). Les commentateurs décrivent alors le sens du tour par des gloses telles que « en qualité de, en tant que, comme ». Exemples: se comporter en galant homme (Girard 1747: 226). L’éclairage du vernaculaire québécois confirme ces tendance (sur la définition du québécois comme vernaculaire du français: Laurendeau 1985, 1987: 51-68). La valeur dite « comparative » du tour EN… à la suite d’un relateur verbal marquant strictement l’ACTION a été, et est encore, très vivante en québécois. Exemples: courir en loup-garou « courir les chemins, les champs sous la forme d’un loup-garou » (Glossaire de la SOCIÉTÉ DU PARLER FRANÇAIS AU CANADA), sacrer en quêteux (Lafleur 1973: 305), parler en habitant, partir en sauvage « filer à l’anglaise » (Barbeau 1970: 162), marcher en sauvage « marcher sans faire de bruit » (Barbeau 1970: 162), s’asssoir en sauvage « s’assoir les jambe ramassées sous le derrière » (Barbeau 1970: 162) ou encore « s’assoir en tailleur », agir en sauvage « agir de façon non civilisée », agir en hypocrite, partir en fou, se faire prendre en sandwich (Proteau 1982: 225, noter qu’une interprétation processive est possible ici), manger en cochon, commencer en lion, finir en mouton. Les propriétés de la concomitance et de l’agglomération vont dépendre en grande partie du moule actantiel dans lequel le repérage se constitue. Ainsi dans le moule PRIME ACTANT AGENTIF + ACTION +(en)+ NOTION ESSIVE, la contingence est à la fois celle du procès marqué par le verbe et celle de la notion agglomérée. C’est le règne par excellence de l’évanescent: Qu’il triomphe en vainqueur et périsse en coupable (Corneille, cité dans Littré 1871: 657), Il vit en grand seigneur (Landais 1853: 375b), Il est venu en ambassadeur (Wartburg et Zumthor 1958: 369), Elle pleurait gravement, en jeune fille (Prévost cité dans Le Bidois 1967: 715). Dans tous ces cas on comprend qu’à l’action s’agglomère un état transitoire qui s’oppose implicitement ou explicitement à son contraire (idée de: « elle ne pleurera plus de cette façon quand se sera éloignée la jeunesse! »). Cette opposition pourra d’ailleurs primer sur la contingence en se TRANSPOSANT (sur la transposition transcatégorielle: Laurendeau 1989b) sur le plan actanciel: Vous parlez en soldat, je dois agir en roi (Corneille cité dans Le Bidois 1967: 715), sur le plan modal: Je veux parler en fille et je m’explique en reine (Corneille, cité dans Littré 1871: 657), ou sur le plan aspectuel (valeur inchoative): Voulez vous que nous parlions plus longuement, en amis qui ne se cachent pas le fond de leur coeur (Pérochon cité dans Le Bidois 1967: 715). On observera que toutes ces agglomérations correspondent à des développments de l’une ou l’autre des facettes logico-narrativement inférables de la classe-objet. Plus « métaphoriques » seront les cas impliquant le moule PRIME ACTANT AGENTIF + ACTION +(en)+ NOTION PROCESSIVE: Jupiter amoureux de Danae [sic] entra en pluie d’or dans la tour où cette belle était renfermée (Richelet 1680: 280a),Cette humble foi du coeur Qu’un ange a suspendu / En palme à nos berceaux (Sainte Beuve, cité dans Dupré 1972: 815a). Même délice dans l’étrangeté avec le cas suivant, où le statut actantiel du Général apparait aussi complexe que le personnage historique lui même (agent, objet, locatif, génitif?): Tout le monde se réconcilie en De Gaulle (Mauriac, cité dans Robert 1985: 932b). A ces cas où l’opération d’agglomération se constitue de par la totalité du schéma actanciel s’ajoutent les agglomération opérées strictement sur le verbe d’action lui même, qui vaut dès lors moins comme relateur que comme marqueur d’une entité notionnelle pleine et entière. Ainsi dans le moule ACTION +(en)+ NOTION AGENTIVE, plus fréquent dans l’ancienne langue, l’identification entre les deux notions fait nettement ressortir l’idée d’un véritable agglomérat: Si l’estrangla en murtre (Villehardouin cité dans Godefroy 1880: 80a),Les pelerins disoient en voix basses l’un à l’autre (Rabelais cité dans Huguet: 386a), bondir en petits sauts (Haase 1969: 345), Vous ne donnez point au génie le temps de se développer, de s’élever insensiblement, et d’aller en son vol toucher la voute du ciel (Guilbert, cité dans Littré 1871: 657). La langue moderne semble plutôt avoir opté pour une répartition moins « redondante » impliquant notamment un verbe d’action à valeur plus générique: Mettre en vente, en gage (Hatzfeld et Darmesteter 1890: 879b), Prendre en traître (Remacle 1960: 357). Dans le moule ACTION +(en)+ NOTION ESSIVE par contre, c’est bel et bien l’idée d’enrichissment notionnel qui ressort et l’agglomération pourra en venir à détenir l’unique valeur rhématique. payer en or, en argent, en billets (Nyrop 1930: 113), Il avoit condamné en grosses amendes un homme envers un autre (Montaigne, cité dans Gougenheim 1984: 160), écrire en grosses lettres (Nyrop 1930: 113),gronder en termes bien durs (Nyrop 1930: 113), s’expliquer en de nombreuses pages (Nyrop 1930: 114), mettre en morceaux (Nyrop 1930: 117), Mettre quelquechose en boule (Académie 1932: 455c), Agir en cachette, en catimini (Wagner et Pinchon 1991: 506), S’exprimer en bon français (Nyrop 1930: 113)

Donner en otage (Académie 1932: 455c), Prendre en otage. On notera l’intime assimilation s’établissant entre les deux notions, état de fait bien senti dans l’exemple suivant: Car il ne pense en rien qu’en l’or dont il est plain, Comme un chien bien que soul, ne pense qu’en du pain (Ronsard, cité dans Gougenheim 1984: 160), où l’on sent bien que la pensée de cet homme et de ce chien N’EST QUE ce que EN… introduit. Et nous sommes amenés directement à la problématique de l’état.

ETRE EN…: Les commentateurs attestent aussi une honnête présence du moule ETRE EN… où la localisation, spaciale ou métonymique en vient à passer en agglomérat notionnel. Dans l’ancienne langue c’est clairement la valeur locative qui domine: Sarraguce qui est en une muntaigne (Chanson de Roland cité dans Tobler et Lommatzsch 1925: 146b), Estans ces deux grands princes en table, le nostre pria le roy d’Espaigne qu’il trouvast bon que Gonzalvo dinast à leur table (Monluc cité dans Huguet: 385a), Si j’avais été en votre place… (Molière cité dans Littré 1871: 658). « Vers la fin du moyen age, le domaine de en commence à se restreindre, et, dans un certain nombre de cas, il est remplacé par à ou par dans; ainsi à ma place se substitue à en ma place, à Rome à en Rome, etc. » (Nyrop 1930: 112). Corrolairement à ce net déclin de la valeur locative, en français moderne, le tour ETRE EN… n’est pas en reste pour la construction d’agglomérats notionnels impliquant des concomitances. On peut mentionner être en fleur (Wartburg et Zumthor 1958: 370 qui commentent fort à propos: « il survit une trace de la valeur locative de en« ), Cet arpent est en vigne, Ce terrain est en potager (Bescherelle 1892: 1381d). La valeur stative contingente peut aisément se transposer dans la forme SUBSTANTIF + EN… Ici aussi les valeurs locatives ont reculé. « Marguerite de Navarre écrit des souliers en ses pieds, un anneau d’or en son doigt, armes en dos. Ainsi la vieille langue attribuait parfois à en le sens de ‘sur’ que possédait in en latin: sedere in equo. La langue moderne a conservé non seulement casque en tête, mais aussi […] un portrait en pied. » (Nyrop 1930: 118-119). Souvent de l’ordre du ponctuel, l’ancienne opération de localisation laissera derrière elle la contingence en souvenir. Ainsi une nette particularité de la valeur moderne du tour SUBSTANTIF + EN… impliquant l’agglomérat notionnel est que le substantif-tête (antéposé à EN…) est une notion NON-AGENTIVE à laquelle on assigne une caractérisation « ad hoc ». Exemples (tous tirés de Girard 1747: 224-226): terre en friche, vigne en fleur. décoration en peintures et en sculptures, gigot en ragoût, peinture en détrempe, eufs [sic] en omelette. Le lien dominant entre les deux notions est bel et bien la contingence: Un liquide en effervescence, en ébullition. Une bête en chaleur (Bescherelle 1892: 1381c). On peut alors ajouter les cas où la contingence de l’agglomérat notionnel se transpose aussi en une valeur notionnellement plus « permanente », concernant généralement la forme matérielle de l’objet: fenêtre en ogive (Littré 1871: 657 que l’on comparera cependant au bosquet en ovale de l’abbé Girard), Un poëme en quatre chants (Littré 1871: 657). On observe alors que la contingence se transpose en ÉCART PAR RAPPORT AU TYPE NOTIONNEL. Ainsi, dans Des perles en poire (Bescherelle 1892: 1381d), on comprend par là notamment qu’elles ne sont pas de forme « normale » (frontière notionnelle, au sens de Culioli 1990: 83-90). On peut dès lors mentionner les cheminées en marbre et autres bagues en or que les puristes ont tant décrié (Dupré 1972: 817b accuse Arago d’écrire pointe en fer et poteau en bois « d’après cet usage vulgaire »). « Le point de départ de cet emploi de EN est probablement à chercher dans un tour tel que payer en or, qui peut avoir amené une boîte en or; on peut aussi alléguer une phrase telle que: Bâtie en pierre de taille, la maison était solide » (Nyrop 1930: 118). Cette hypothèse de filiation nous ramène bien de ces formes intimement burinées et ces matières durables à la problématique de la contingence. Par plusieurs voies, la localisation, la concomitance contingente et l’agglomération notionnelle PASSENT LES UNES DANS LES AUTRES: La fable s’empara de lui; les colporteurs vendaient son portrait. On le vit en tabatière, en presse-papier. On le peignit au fond des plats et des assiettes (Guéhenno, cité dans TLF: 1001b). Le tour EN… est donc souvent voué à introduire l’état matériel comme « ad hoc » ou particularisant: Sucre en poudre, Or en barres (Robert 1953: 471a). C’est sans doute pour cette raison que Bismarck le chancelier de fer (Guilbert, Lagane et Niobey 1971: 1593a) ne peut pas être en fer sans que l’on cesse soudain de parler de la personne (physique ou morale) du chef des junkers comme actant-acteur pour parler plutôt d’une figurine le représentant et s’opposant de par son état (valeur essive) à celles en bronze ou en plomb (opération de parcours avec extraction: Culioli 1985: 100-101). C’est pour la même raison qu’on dit soldats de plomb à propos de soldats bel et bien « en plomb » mais que l’on n’oppose à aucun autres. Donc, il semble bien que le moule ÉTAT CONTINGENT +(en)+ NOTION ESSIVE ait une solide présence en français moderne. L’éclairage québécois tend de plus à confirmer une forte position de la notion contingente: bois rond en tête de chien « tronc d’arbre non équarri dont l’extrémité est encochée un peu à la façon d’une tête de chien de fusil », glace en chandelle « glace à moitié désagrégée par l’action du soleil » (Glossaire de la SOCIÉTÉ DU PARLER FRANÇAIS AU CANADA s.v. chandelle), cheveux coupés en mop (Blanchard 1915 s.v. mop), virage en U (Bergeron 1980 s.v. U), jambes en mashmallow (Proteau 1982: 117), orteils en anses de cruche « pieds ronds » (Bergeron 1980 s.v. orteil). L’éclairage québécois sera d’ailleurs particulièrement révélateur aux fins d’une PROBLÉMATISATION ÉNONCIATIVE AMENANT LE PHÉNOMENE DE L’AGGLOMÉRATION NOTIONNELLE A PASSER EN SON CONTRAIRE. Tout d’abord on retrouve force tournures du type ETRE + QUALIFIANT + EN… Exemples: être habillé en Marie-Cataud ou en Cataud (Bergeron 1981 s.v. habillé), être habillé en macramé (Bergeron 1981 s.v. macramé – N.B. l’expression ne signifie pas « être vêtu de macramé »). Mais, sur la structure de cette tournure et à partir de tours clairement comparatifs du type sale en verrat, fort en cheval, une mutation s’effectue, et la valeur de haut degré (« très sale ». « très fort ») se substitue à la valeur d’agglomération notionnelle initiale. En québécois, on retrouve donc des tournures à valeur intensives du type: ETRE + QUALIFIANT (SUR LEQUEL PORTE L’INTENSIFICATION) + EN… Ainsi, on peut considérer comme glosables par « beaucoup, énormément, extrêmement » un certain nombre de noms d’animaux ou de caractéristiques d’animaux introduits par EN. Ex: en bibite (tour vernaculaire pour bêbête, « insecte, animal »), en bibite à poil, en cheval, en cochon, en serpent (Miller 1962: 217), en taureau, en verrat, en velimeux (sur venimeux) etc. Se détachant de la spécificité de l’agglomérat notionnel, ces tournures deviennent par le fait même parfaitement synonymes. D’autre part, ce changement qualitatif vers la valeur intensive a introduit un nouveau sens lexical au tour ETRE EN… Il est, en effet, utilisé pour signaler l’intensité… de la colère. Exemples: en fifre, en fiferlot, en (beau) fusil. Ces tournures sont, elles aussi, parfaitement synonymes entre elles et pourraient toutes être glosées en français hexagonal par un lexème unique: « furax » (ou « furibard »). A comparer à en rage, en furie, si la comparaison demeure consciente que le paradigme québécois DÉSÉMANTISE LE LEXEME POST-POSÉ ET DE CE FAIT ÉLIMINE TOUTE AGGLOMÉRATION. La recherche d’une plus grande expression de l’intensité pour cette valeur de QUOTITÉ (« beaucoup, énormément, extrêmement ». Sur la QUOTITÉ, Culioli 1990: 116-117, Laurendeau 1986c: 67-68) et ce sens lexical spécifique (« en colère ») amène ensuite le tour EN… jusqu’à la frontière de l’indicible. On exploite les insultes et les grossièretées (en batard, en écoeurant, en enfant de chienne, en fumier. Comparer au Je souffre en damné de Molière, cité dans Robert 1953: 471a) et finalement, ces singuliers objets ethnologiques que sont les SACRES (c’est à dire spécifiquement une batterie stable de jurons blasphématoires, encore fortement sentis socio-culturellement en dépit d’une déréliction aujourd’hui généralisée). On atteste principalement les tournures suivantes (parfaitement synonymes entre elles): en baptême, en calice, en calvaire, en christ, en ciboire, en hostie, en maudit, en sacrament (sur sacrement), en (saint)-ciboire, en tabarnak, (sur tabernacle),en torrieu ( sur tort à Dieu ou tord-Dieu, sacre disparu),en viarge. L’ultime étape de la créativité lexicale de ce tour est celle de l’EUPHÉMIE. On entend marquer l’intensif aussi fortement, tout en évitant les inconvénients mondains reliés à la transgression d’un tabou verbal. Les stratégies adoptées visent principalement à dissimuler la forme taboue (ici, le sacre) au moment de la formulation. On dégage six de ces stratégies d’euphémisation. Citons uniquement l’emploi d’un sacre « thématiquement » analogue mais anodin: en Hérode, en étole, en Jupiter, en mosus (de l’anglais Moses, « Moïse »), en Saint-Esprit, en Saint-Sacrifice. Il va sans dire que le caractère « grave » ou « anodin » des sacres en cause ne peut pas être déterminé par des lois linguistiques. Il faut connaître les contraintes du code dans leur globalité sociolinguistique… Ces deux valeurs stables et ce florilège d’expressions confèrent au tour ETRE EN… du québécois une richesse inégalée dans les autres variétés de français. Mais surtout ces multiples manipulations du signifiant corroborent un fait crucial aux fins de l’argumentation présente: LA POSSIBILITÉ D’UNE DÉSÉMENTISATION DE L’OPÉRATION D’AGGLOMÉRATION NOTIONNELLE AU PROFIT DU MARQUAGE D’UNE CATÉGORIE SPÉCIFIQUE (ICI LA QUOTITÉ). Cette caractéristique ÉMINEMENT ÉNONCIATIVE, généralisable à d’autre prépositions (comparer avec le français à la con, à la noix, de merde), amène l’agglomération de deux notion à passer directement à son contraire: intensification quantitative et qualitative d’une notion unique.

CONCLUSION: En explorant l’hypothèse d’un principe unitaire régissant les tours AGIR/ETRE EN… construisant l’agglomération notionnelle, nous avons rencontré la COMPLEXITÉ. Nous avons été amené à partiellement décrire un certain nombre de catégories comme l’aspectualité (notamment le statut complexe et contradictoire du statif), l’ordonnancement des procès (principalement la concomitance), la contingence. L’hétérogénéité du transcatégoriel est inséparable d’une description minimalement homogène d’un connecteur aussi profond que la préposition. « C’est en ce sens qu’il y a à mon avis complexité, pour des raisons extrêmement précises, et non pas simplement parce qu’on dirait « Oh là là qu’est-ce que c’est compliqué tout cela » (Culioli 1992: 11).
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